Les maires bretons ont rendu les conclusions d'une grande enquête autour de leur fonction, alors que la fin de mandat approche et que la situation sociale et économique des territoires se fragilise. Cette consultation va servir de base à leur rencontre avec Emmanuel Macron le 3 avril.
Pari réussi pour l'association des maires de Bretagne. En janvier dernier, elle lançait une grande enquête à destination des 1208 maires de la région, une manière de prendre le pouls de cette fonction. 46 questions ont été posées, afin de cerner le ressenti des élus. Un maire sur deux a répondu. Ce sont les étudiants de l'Université de Bretagne Occidentale qui dépouillent et décryptent tous ces résultats.
Une activité sur la durée
En Bretagne, les mandats s'enchaînent en moyenne pendant 19 ans. Les élus consacrent 37 heures par semaine à leurs tâches de maire, en plus d'une autre activité professionnelle. La majorité consacrent leur temps à aménager leur commune (73%).
Trouver des solutions pour leurs habitants représente la partie la plus intéressante de leur travail, pour 90 % d'entre eux. Les maires bretons ont plutôt le moral et 83 % estiment ne pas ressentir de dénigrement.
Ce qui pèse
62 % déplorent le mille-feuille administratif. 86 % aimeraient pouvoir mutualiser les services entre collectivités, disposer d'un représentant unique de l'État dans les territoires et surtout pouvoir expérimenter. Armelle Bothorel, président de l'AMF 22 insiste en effet sur les grands défis qui les attendent comme les transitions, écologiques, démographiques, numériques. "Le maillage des communes toutes seules ce n'est pas la bonne maille. L'intercommunalité donne cette force" précise-t-elle.
Tous s'accordent sur la force du territoire, ébranlé malgré tout par les crises sociales, incarnées par le mouvement des Gilets jaunes : "Ce qui a fait la force de la Bretagne pendant des années, c'est que l'on parlait d'un territoire organisé et optimisé. Depuis quelques années, on sent un décrochage, qui s'accentue, une fracture territoriale entre les villes et les campagnes, il faut être vigilant." souligne Yves Bleunven, Président de l'association des Maires du Morbihan.
Les maires s'inquiètent pour les familles monoparentales (64,7%) et pour les agriculteurs (à 51,6%).
Fort de tous ces constats, les maires de Bretagne annonceront leurs propositions au chef de l'État qui vient assister à leurs assises. Ils espèrent bien pouvoir faire de la région une zone d'expérimentations.